
Summer Mary – Les Héroïnes de Kâlidâsa et les héroïnes de Shakespeare : Mary Summer, orientaliste dont la BNR a déjà publié les Contes et légendes de l’Inde ancienne, connaît aussi bien les arcanes de la littérature anglaise que les écrits de l’Inde ancienne. Elle mène une comparaison entre les femmes, héroïnes, peintes par Kâlidâsa, un célèbre auteur indien du deuxième siècle, et les femmes amoureuses que met en scène Shakespeare. Les tragédies des deux auteurs restent aujourd’hui aussi populaires les unes que les autres, en Inde ou en Occident. Mary Summer nous en montre les similitudes et les différences.
Écrite au 19e siècle par l’épouse de Ph. E. Foucaux avec lequel elle partage son amour de l’Inde ancienne, cette étude qui présente les figures traditionnelles d’auteurs de théâtre classique décrit des rôles féminins dans des sociétés profondément patriarcales, sans la distance du lecteur ou de la lectrice d’aujourd’hui, mais avec beaucoup de sensibilité et de maîtrise. C’est à un véritable voyage dans le é que le lecteur est convié.
«Pourquoi, dans Shâkountalâ, la douleur d’une épouse et d’une mère abandonnée nous émeut-elle si vivement? C’est qu’aucune nuance n’est forcée dans ce langage véhément et sublime. Mettez une fille du peuple dans la même situation; à un moment donné, elle parlera comme cette reine d’il y a deux mille ans; elle trouvera, d’instinct, cette éloquence qui n’a rien à faire avec le rang et l’éducation. Les coquetteries d’Ourvasî se retrouveront, à la lettre, chez une ingénue du XIXe siècle, elles sont femmes toutes deux, mortelles ou déesses. Quant aux héroïnes de Shakespeare, nous les coudoyons chaque jour dans la vie; elles existent, ces incarnations de la vertu et du sacrifice, souriant à la lutte, comme Viola, ou s’y brisant comme Ophélia; dévouées comme Portia, clémentes comme Hélène, mais jalouses, avant tout, de cacher leurs blessures; et, comme Desdémone, menteuses héroïques, pour sauver l’honneur conjugal. Nous les connaissons ces héroïnes obscures que personne n’applaudira. Nous les avons aimées, nous les pleurons peut-être?»
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